L'histoire de Loïc : l'effet boule de neige d'une bourse en 2019
Loïc est un jeune méritant qui a reçu une bourse de la persévérance Opération Bonne Mine en 2019.
Son parcours de vie et son cheminement scolaire sont remarquables malgré les embûches.
Il nous raconte son histoire.
Illustrations Annabelle Petit
Bonjour Loïc, peux-tu tout d’abord nous parler un peu de toi?
Bonjour, moi c’est Loïc. J’ai 22 ans, et j’ai un parcours de vie et scolaire atypique. Je suis d’origine ivoirienne et arrivé au Québec comme mineur non accompagné à 17 ans. Jusqu’à mes 18 ans, j’ai vécu dans un foyer surveillé avec des intervenants qui m’ont appris la vie et la culture du Québec, pour ensuite devoir habiter seul et subvenir à mes besoins. Au niveau du caractère, je me décrirais comme quelqu’un de débrouillard, authentique et persévérant. Les difficultés dans mon parcours scolaire ont été nombreuses, la principale étant financière, mais cela ne m’a jamais écarté de mon but final : réussir coûte que coûte. Aujourd’hui, je suis en dernière année de soins infirmiers au Collège de Maisonneuve et je travaille comme externe à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
En tant qu’élève, qu’est-ce que t’a le plus motivé à persévérer dans les études?
Ma principale motivation à terminer mon secondaire et me rendre au Cégep était d’obtenir un diplôme, pour améliorer ma qualité de vie ainsi que celle de mes proches. L’échec n’a jamais été une option. Ce qui me poussait aussi à aller à l’école, c’était les activités extrascolaires qui me sortaient de mon quotidien difficile, le contact social avec les élèves et les professeurs pour briser la solitude dans laquelle je me trouvais. À leurs côtés, je me suis intégré plus facilement à la société québécoise et j’ai évolué en tant qu’individu.
Étant loin de ta famille, tu as donc dû t’assumer financièrement très tôt.
En effet, j’avais un ou plusieurs emplois en parallèle de mes cours, les soirs et les fins de semaines. C’était éprouvant mais indispensable pour survivre. J’ai travaillé en tant que commis au plancher dans des dépanneurs, commis d’entrepôt ou manutentionnaire, plongeur, bus boy ou encore préposé aux bénéficiaires. Par conséquent, j’ai dû me priver des loisirs d’un jeune homme de mon âge comme le soccer et le basketball. Entre travailler, me nourrir et payer mon loyer, ou aller m’entraîner : le choix était vite fait.
Comment es-tu parvenu à concilier ta vie d’étudiant et ton activité professionnelle?
Lorsque j’étais en classe, j’étais le plus attentif possible et je posais beaucoup de questions aux professeurs. À côté de cela, j’avais malheureusement de nombreuses absences à cause de la fatigue accumulée au travail. J’avais 5 jours de cours par semaine de 8h à 15h45, en plus de mes 20 à 30h de travail : j’étais un grand habitué du dernier bus du soir. Il m’est souvent arrivé de le rater et de devoir marcher 2 ou 3 km en pleine tempête de neige, mal habillé et les pieds mouillés. Les épreuves dans ma vie m’ont appris à relativiser et à me forger un mental solide.
Tu as reçu une bourse de la persévérance scolaire Opération Bonne Mine en 2019 qui soulignait tes efforts et ta résilience. Qu’as-tu ressenti à ce moment-là?
En recevant une bourse de la persévérance scolaire Opération Bonne Mine, j’ai ressenti une immense gratitude. 500$ pour moi, c’était un mois de loyer et donc des journées de repos pour me concentrer sur mes études. Plus qu’un soulagement financier, c’était aussi la fierté et la joie de me dire que quelqu’un quelque part, en lisant mon histoire, avait été touché par mes efforts et m’en félicitait. Obtenir une bourse signifie que notre détermination est tôt ou tard récompensée.
Pourquoi as-tu accepté de t’impliquer comme ambassadeur Opération Bonne Mine? Y a-t-il un message que tu voudrais faire passer?
Ma mère m’a dit que si l’on m’avait choisi pour être ambassadeur, c’est qu’on avait reconnu mes qualités et qu’il était de mon devoir d’être un exemple pour celles et ceux que je précède. Je considère ceci comme une autre expérience de vie. En tant qu’ambassadeur Opération Bonne Mine, j’ai dans l’espoir d’aider et de convaincre d’aider des jeunes qui vivent la même situation que moi dans le passé.
Je me considère comme un homme chanceux, j’ai reçu une éducation de mes parents qui m’a toujours donné à cœur de respecter les autres et je voudrais remercier toutes les différentes personnes que j’ai croisé sur mon chemin : avocate, intervenantes et intervenants, mes professeurs à l’école secondaire qui se sont toujours montrés très compréhensifs de ma situation très délicate.